Imponderabilia @ Marina Abramovic @ Ulay. 1977
IMPONDERABILIA (9')
Lors de l'ouverture de l'exposition de juin 1997 à la Galleria d'Arte Moderna de Bologne, Abramovic/Ulay se tiennent nus face à face à l'entrée, de sorte que les visiteurs, qui doivent se faufiler entre eux deux pour entrer, ne peuvent éviter de les
toucher. Le fait que chaque personne doive décider qui elle va regarder en passant est important. La vidéo fixait plusieurs plans, l'ensemble et une vue de demi-profil, de manière à pouvoir observer les diverses réactions du public. La plupart détournaient la tête, afin d'éviter le regard direct, les uns se pressaient en recherchant les contacts corporels, les autres essayaient de se heurter le moins possible à la peau nue des deux artistes. D'autres encore s'appuyaient aux épaules des artistes. Abramovic/Ulay se regardaient sans sourciller, telles des statues postées à l'entrée. Ils forment ainsi un cadre corporel et confrontent les participants involontaires, pendant que ceux-ci passent par le "canal de naissance", face à l'expérience du toucher, de la décision à prendre vers quel côté se tourner, et ressentent un sentiment corporel inhabituel, entre gêne et prise de conscience de son propre corps et du contact humain avec des inconnus souvent perçu comme quelque chose de dérangeant. L'espace vide entre les deux acteurs représente le lieu de performance proprement dit, dans lequel l'observateur devient lui-même acteur. La représentation de cette action convient parfaitement dans un musée où les gens se rendent pour devenir observateurs et s'aperçoivent dès l'entrée qu'ils sont associés à l'action. Au mur de l'exposition on pouvait lire ce texte:
"Imponderable. Such imponderable human factors as one's aesthetic sensivity/ the over-riding importance of imponderables in determining human conduct."
Il s'adresse directement à l'observateur en sa qualité de protagoniste de la performance et pour qui la possibilité d'observation directe est souvent déguisée - comme si souvent chez Abramovic/Ulay.