Théâtralité (Roland Barthes)

Publié le par Olivier Lussac

Roland Barthes parle de "théâtralité" dès 1954 – concept forgé à partir de l'adjectif théâtral – pour désigner la propriété du phénomène situé dans l'épaisseur de signes, et caractérisant la représentation scénique :

"Qu'est-ce que le théâtre ? Une espèce de machine cybernétique (une machine à émettre des messages, à communiquer). Au repos, cette machine est cachée derrière un rideau. Mais dès qu'on la découvre, elle se met à envoyer à votre adresse un certain nombre de messages. Ces messages ont ceci de particulier, qu'ils sont simultanés et cependant de rythme différent ; en tel point du spectacle, vous recevez en même temps 6 ou 7 informations (venues du décor, du costume, de l'éclairage, de la place des acteurs, de leurs gestes, de leur mimique, de leur parole), mais certaines de ces informations tiennent (c'est le cas du décor) pendant que d'autres tournent (la parole, les gestes) ; on a donc affaire à une véritable polyphonie informationnelle, et c'est cela la théâtralité : une épaissseur de signes."

(Roland Barthes, "Littérature et signification", Essais critiques, Paris,
Seuil/Points, 1981 (1963), p. 258.)

De façon plus précise, Roland Barthes semble dénier au texte sa part de théâtralité, comme Antonin Artaud. Cela a pu préfigurer un théâtre d'action, de geste, jusqu'à parvenir à la critique que Michael Fried avait souligné: la théâtralité affecte toutes les formes d'art contemporain :

"Qu'est-ce que la théâtralité ? C'est le théâtre moins le texte, c'est une épaisseur de signes et de sensations qui s'édifie sur la scène (…)"

(Roland Barthes, "Le Théâtre de Baudelaire", Essais critiques, Paris,
Seuil/Points, 1981 (1954), p. 41.)

Publié dans Textes-Arts

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