Installation ("environnement environné") Olafur Eliasson
"Après Buckminster Fuller, il faut rappeler ici l'artiste d'objets danois Olafur Eliasson, dont les installations et montages divers offrent l'interprétation la plus lucide du concept d'inversion environnementale parmi toutes celles que l'on trouve dans l'art contemporain. C'est surtout avec son exposition Surroundings Surrounded, montée en 2001 au Zentrum für Kunst und Medientechnologie (Centre pour l'Art et la Technologie des Médias, ZKM), à Karlsruhe, en coopération avec Peter Weibel, qu'Eliasson a fait ses preuves comme l'un des premiers artistes de bord sur l'île absolue en construction. Le tournant constructiviste transparaît sans la moindre équivoque dans le titre de l'exposition : les environnements naturels que montre l'artiste sont des environnements déjà totalement environnés, c'est-à-dire des phénomènes naturels interprétés et répétés par la science et la technique. On n'a pas devant soi de totalités stylisées par de l'écoromantisme, mais des implants de nature dans la salle d'exposition et le laboratoire ; nous voyons des édifices reproduits, des prothèses, des expériences, des arrangements dont l'exposition et la présentation éclairent toujours deux choses à la fois : la structure naturelle ou l'effet naturel etMur-Mousse de 1994, la Chambre pour une couleur de 1998 ou le Très Grand Sol de glace de 1998, ne sont pas seulement présentés par le regard scientifico-technico-artistique, posés et "environnés" : ils utilisent aussi l'effet encadrant de l'espace du musée. Ici, la nature est au musée ce que le monde de vie est au vide.
On peut effectivement le musée comme un isolateur général pour des objets : quoi que l'on puisse voir ou vivre en lui, cela apparaît comme un artefact insulé dont la présence cherche l'interaction avec une forme spécialisée d'attention esthétique. On comprend enfin ici ce qui relie la phénoménologie de l'esprit, le musée et l'explicitation en marche. Savoir, ici, c'est pouvoir expliciter ; expliciter, c'est povoir exposer. Parmi les travaux les plus informatifs et les plus réjouissants d'Eliasson, on trouve l'installation éolienne Your Windless Arrangement de 1997, détenue par le Koenstmuseum de Malmö, dans laquelle seize ventilateurs coordonnés, accrochés au plafond, montrent comment même le vent n'est plus à l'abri du risque de devenir un objet d'exposition. "
Peter Sloterdijk, l'optique scientifico-technique par le biais de laquelle ceux-ci entrent dans notre conception. Du reste, les "environnements environnés" que montre Eliasson, tout comme la chute d'eau artificielle aujourd'hui fameuse et sonorisée, le Bulles III-Écumes, Paris, Hachette Littératures, coll. Pluriel Philosophie, 2006, p. 297-298.
On peut effectivement le musée comme un isolateur général pour des objets : quoi que l'on puisse voir ou vivre en lui, cela apparaît comme un artefact insulé dont la présence cherche l'interaction avec une forme spécialisée d'attention esthétique. On comprend enfin ici ce qui relie la phénoménologie de l'esprit, le musée et l'explicitation en marche. Savoir, ici, c'est pouvoir expliciter ; expliciter, c'est povoir exposer. Parmi les travaux les plus informatifs et les plus réjouissants d'Eliasson, on trouve l'installation éolienne Your Windless Arrangement de 1997, détenue par le Koenstmuseum de Malmö, dans laquelle seize ventilateurs coordonnés, accrochés au plafond, montrent comment même le vent n'est plus à l'abri du risque de devenir un objet d'exposition. "
Peter Sloterdijk, l'optique scientifico-technique par le biais de laquelle ceux-ci entrent dans notre conception. Du reste, les "environnements environnés" que montre Eliasson, tout comme la chute d'eau artificielle aujourd'hui fameuse et sonorisée, le Bulles III-Écumes, Paris, Hachette Littératures, coll. Pluriel Philosophie, 2006, p. 297-298.